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Quel potentiel de report modal sur les trajets Domicile-travail ?
- Laure Wagner
- 17 juin
- 9 min de lecture
Quelle alternative à la voiture éviterait le plus de CO₂ si on considère le public "dans la cible" pour les adopter ?
Cet article présente les principaux résultats de notre analyse de plus 162 000 trajets domicile-travail dans le cadre des Plans de mobilité mené pour nos clients partout en France.
Méthodologie :
Nous avons dans un premier temps réalisé un diagnostic des trajets actuels
Puis nous avons mesuré le potentiel de report modal réaliste pour tous les automobilistes selon des critères précis.
Enfin, nous avons mesuré le potentiel de rapprochement de domicile que notre outil de data analyse met au service des employeurs multi-sites.
Conclusion générale sur le report modal :
Quelle solution de report modal disponible dès maintenant éviterait le plus de CO₂ ?
Lecture : si tous les automobilistes ayant un trajet compatible avec le vélo adoptaient ce mode de transport, cela permettrait de réduire de 5,10 % les émissions de CO₂ liées aux déplacements domicile-travail.
Comment sommes nous arrivé à cette conclusion ?
Le logiciel “1km à pied” est connecté à 2 API de calcul d'itinéraire pour obtenir les caractéristiques des trajets alternatifs à la voiture pour chacun des trajets analysés dans cette étude.
Ainsi, même si un salarié se rend en voiture sur son lieu de travail, nous sommes en mesure de connaître son trajet potentiel en transport en commun mais aussi le pourcentage de piste cyclable sur ce trajet et la distance qui peut différer de celle en voiture.
De ce fait, il est possible d’identifier des personnes qui se déplacent actuellement en voiture pour se rendre au travail, mais qui disposent déjà des infrastructures nécessaires pour adopter les transports en commun ou le vélo dès à présent.
Diagnostic des trajets vers 7 800 lieux de travail :
Critères déterminants pour chaque mode :
Distance médiane médiane par mode de transport :
Remarque : les trajets en covoiturage se font sur des distances plus longues car ce sont des distances "motivantes" pour ce type de trajet.
Durée médiane par mode de transport :
Même si la distance médiane parcourue en transports en commun est comparable à celle en voiture, le temps de trajet est souvent bien plus long. Cela s’explique par les détours nécessaires pour desservir l’ensemble des arrêts, ainsi que par les temps d’attente associés à chaque correspondance ou arrêt.
Ventilation des trajets par distance à l’aller
Ventilation des voyageurs-kilomètre
Le voyageur-kilomètre est une unité de mesure qui équivaut au transport d'un voyageur sur une distance d'un kilomètre. Elle permet de se focaliser sur les kilomètres parcourus et non sur le nombre de personnes.
Ainsi, bien que 26,7% des trajets analysés soient des trajets de moins de 5 kilomètres, ils ne représentent que 4,91% des kilomètres parcourus.
Ventilation du CO₂ par distance et par mode
84,47% du CO₂ est lié aux trajets en voitures de plus de 10 kilomètres à l’aller.
Ces trajets sont aussi les plus fatigants et coûteux.
Ce sont les trajets à décarboner en priorité pour atteindre un double impact social et environnemental.
Part modale des trajets domicile - travail
Notre diagnostic présente des parts modales dont les tendances se rapprochent de l'étude de "référence" dans la mobilité, l'enquête mobilité des personnes de 2019 qui présente également les parts modales des français sur les trajets domicile travail.
Empreinte carbone médiane par salarié / an
ℹ️ 2 tonnes max par an ?
Le GIEC recommande un impact de 2 tCO₂ / an / personne d’ici 2030 pour stabiliser le réchauffement climatique. Le trajet quotidien ne peut donc pas représenter la quasi totalité de ce quota car il faut encore se nourrir, se loger …
Représentativité de cette étude 1km à pied
Les résultats de notre étude n’ont pas été redressés par rapport à la population mais :
notre panel de plus de 160 000 trajets est si grand et varié qu’il est représentatif.
notre diagnostic des trajets est très similaire aux études du SDES et du Forum Vies Mobiles qui, elles, avaient été redressées.
On peut donc estimer que les calculs de reports modaux qui vont suivre sont représentatifs du potentiel de report modal des français.
Données inédites sur le report modal des automobilistes
Écart de durée pour 100% des automobilistes vers les alternatives
Conclusion :
Alors que la durée médiane d’un trajet en voiture est de 17 minutes, elle grimpe à 50 minutes en vélo et 49 minutes en transports en commun si tous les automobilistes changeaient de mode.
Ces alternatives ne sont donc pas adaptées à tous les profils.
C’est pourquoi il est essentiel d’identifier un 'cœur de cible' : des automobilistes dont les trajets sont compatibles avec un changement réaliste vers ces modes de transport.
Potentiel de report modal vers le vélo
Profil des cyclistes actuels
Nous allons donc chiffrer dans cette étude les automobilistes qui ont un trajet potentiel à vélo correspondant au profil des cyclistes actuels.
Parmi tous les automobilistes, combien pourraient se mettre au vélo ?
14,7 % des automobilistes rentrent dans le cœur de cible "vélo". Ces derniers ont un trajet de maximum 10 kilomètres et au moins 50 % de pistes cyclables sur le trajet identifié par l'API Géovélo. On considère ici que les trajets entre 0 et 6 kilomètres sont faisables à vélo mécanique tandis que ceux entre 6 et 10 kilomètres sont plutôt faisables à vélo à assistance électrique.
Pratique du télétravail des cyclistes et potentiels cyclistes :
Conclusion : À l’échelle de la France seuls 26 % des actifs ont un métier télétravaillable (Fondation Concorde). Les salariés éligibles au télétravail sont donc surreprésentés parmi les cyclistes actuels. Ils probablement prêts à faire des trajets à vélo comme ils ne le font que 3 jours par semaine et pas 5 et qu'ils sont probablement sédentaire à l'ordinateur toute la journée contrairement aux employés de terrain.
Potentiel de report modal vers les transports en commun
Nous nous intéressons ici aux automobilistes dont le trajet domicile-travail est inférieur à 80 kilomètres. Pour chacun, nous avons estimé le temps de parcours en voiture (en tenant compte des embouteillages via Google Maps) et en transports en commun (grâce à Navitia). En comparant ces durées, nous pouvons identifier un cœur de cible "transports en communs".
[durée en TeC] - [durée en voiture]
= durée additionnelle liée au passage aux TeC
Durée additionnelle si les automobilistes passaient aux transports en commun
Conclusion : 28,1 % des automobilistes ont un itinéraire en transports en commun qui allongerait leur trajet de 15 minutes maximum. L’inconnue ici est la fréquence de passage de la ligne en question et les horaires des salariés.
Eligibilité au télétravail
Conclusion : À l’échelle de la France seuls 26 % des actifs ont un métier télétravaillable (Fondation Concorde). Les salariés éligibles au télétravail sont surreprésentés parmi les usagers actuels des transports en commun.
Potentiel de report modal vers le covoiturage
Les covoitureurs actuels
Le profil des covoitureurs actuels montre qu’ils partagent majoritairement des trajets de longue distance. Cela s’explique sans doute par le fait que plus un trajet est long, plus le covoiturage devient intéressant à la fois pour des raisons économiques et parce qu’il y a plus de chances de croiser un collègue sur le même itinéraire. C’est pourquoi, pour définir notre cœur de cible 'covoiturage', nous nous concentrons sur les automobilistes dont le trajet domicile-travail dépasse 10 kilomètresm.
Ventilation des Trajets supérieurs à 10 kilomètres des automobilistes actuels
Au total, 56,35 % des automobilistes effectuent un trajet de plus de 10 kilomètres, une distance que nous considérons comme suffisamment 'motivante' pour envisager le covoiturage. Reste une inconnue : le degré de recoupement entre les trajets de ces différents salariés. Cela dit, tous ont un point d’arrivée commun, leur lieu de travail, ce qui augmente les chances de correspondance.
Ventilation des émissions de CO₂ liées aux trajets actuels en voiture
Conclusion : Les trajets en voiture de plus de 10 kilomètres concerne 56,5 % des automobilistes actuels mais ces mêmes trajets étant les plus distants, ils cumulent 85,6 % des émissions de CO₂ liées aux trajets Domicile-travail en voiture. Ce cœur de cible a donc un potentiel de réduction des émissions conséquent.
Parts modales “potentielles” avec les automobilistes qui pourraient changer de mode
Maintenant que nous avons identifié nos différents cœurs de cible, nous pouvons projeter les parts modales potentielles sur les parts modales actuelles.
Parts modales “potentielles” mesurées par 1km à pied
Méthode : Les salariés étant à la fois dans le cœur de cible du vélo et des TeC ont été comptés dans la part vélo.
Conclusion : La majorité des automobilistes qui ne sont ni dans la cible vélo ni dans la cible transports en communs sont dans la cible pour le covoiturage avec des trajets de plus de 10 kilomètres (en violet).
Impact CO₂ actuel de chaque catégorie
Conclusion : La majorité des émissions de CO₂ liées aux automobilistes qui ne sont ni dans la cible vélo ni dans la cible TeC sont émises par les trajets supérieurs à 10 kilomètres qui sont dans la cible pour le covoiturage.
Ce constat n’a rien d’étonnant. Si l’on raisonne en voyageurs-kilomètres, on s’aperçoit que le cœur de cible du covoiturage regroupe une part importante des automobilistes, en particulier ceux qui effectuent les trajets les plus longs. Ces distances plus élevées entraînent mécaniquement des émissions de CO₂ plus importantes, comparées à celles des automobilistes éligibles au vélo ou aux transports en commun, dont les trajets sont généralement plus courts et donc moins émetteurs.
Rapprochements de domicile
Qu’est-ce qu’un rapprochement de domicile ?
Chez 1km à Pied, nous permettons à nos clients multi-sites d'analyser leurs employés par durée de trajet, par métier, par site, par équipe pour prioriser leurs actions de rapprochement de domicile.
Grâce à cette approche innovante de la mobilité domicile-travail nous sommes en mesure d'identifier les salariés d'employeurs multi-sites qui pourraient faire le même travail qu'actuellement, plus près de chez eux.
Retour d’expérience chez nos clients
Nous avons identifié un fort potentiel de réaffectations parmi l’ensemble de nos clients multi-sites actuels. Ces données nous permettent d’estimer les kilomètres qui pourraient être évités grâce à ces rapprochements, et donc de quantifier leur impact carbone.
Il est important de souligner que ce calcul ne prend pas en compte le potentiel de report modal induit par ces rapprochements de domicile.
Par exemple, un salarié passant d’un trajet de 20 kilomètres en voiture à un trajet de 3 kilomètres pourrait basculer vers le vélo, ce qui réduirait à zéro ses émissions liées aux déplacements domicile-travail.
Le potentiel de réduction des émissions est donc double : par la diminution des distances parcourues, et par l’ouverture à des modes alternatifs à la voiture.
Distance des trajets D-T aller des salariés ayant un site de leur employeur plus près de chez eux
Conclusion : Les rapprochements de domicile permettent de multiplier par 5 le nombre de petits trajets potentiellement cyclables.
Durée des trajets D-T aller des salariés ayant un site de leur employeur plus près de chez eux
Conclusion : Les rapprochements de domicile permettent de multiplier par près de 100 le nombre de petits trajets faisables en moins de 5 minutes.
60,5% des employés de terrain de nos clients multi-sites ont un site de leur employeur plus près de chez eux.
Nous présentons dans le tableau ci-dessus des analyses effectuées sur le scope des 60,5% des salariés ayant un site de leur employeur plus près de chez eux.
Conclusion sur le report modal des trajets domicile-travail :
L’ensemble des analyses présentées ci-dessus nous a permis d’évaluer le potentiel de report modal sur un panel de plus de 160 000 salariés. Parmi les automobilistes, nous avons identifié trois cœurs de cible :
Les cyclistes potentiels
Les usagers potentiels des transports en commun
Les covoitureurs potentiels
À cela s’ajoute un quatrième levier : les salariés de nos clients multi-sites dont le trajet domicile-travail pourrait être réduit grâce à un rapprochement vers un site plus proche.
Grâce à ces catégories, nous avons pu estimer l’impact carbone propre à chaque solution, afin de les comparer et d’identifier celles offrant le plus fort potentiel de réduction. C’est cet impact global que nous avons présenté en introduction de cet article.
Chaque solution a été évaluée séparément, en considérant son plein potentiel. Cela signifie qu’un même salarié peut être compté à la fois comme cycliste potentiel et comme usager potentiel des transports en commun.
Parmi les leviers étudiés, le rapprochement de domicile apparaît comme la solution au plus fort potentiel de réduction des émissions de CO₂, avec une baisse estimée à 38,55 % (pour rappel, ce chiffre ne tient pas compte du report modal induit par ces rapprochements). Le covoiturage suit de près, avec une réduction potentielle de 35,65 %, en partant de l’hypothèse que les trajets sont partagés à deux chaque jour.
Les transports en commun et le vélo affichent un impact plus modeste, principalement parce qu’ils concernent une part plus restreinte des automobilistes et parce que les automobilistes concernés ont des métiers plus télétravaillables que les autres automobilistes "Ni dans la cible vélo, ni dans la cible TeC)
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